De quel « monde d’après » voulons nous ?

Communiqué CGT Safran Nacelles

Gonfreville l’Orcher, le 27 mai 2020

Notre société est entrée dans une ère nouvelle, inconnue, ou toutes les certitudes semble remises en cause. En effet, le coronavirus a provoqué à la fois une crise sanitaire et une crise économique mondiale.

Dès le début de la crise la CGT prônait la mise en sécurité des salariés dans une phase où le risque pandémique était à son maximum. Safran voulait « à tout prix » que les sites restent ouverts, que nos sociétés produisent, par la mise en place des protocoles construit pour contrer la propagation d’un virus dont les effets et la transmissions sont toujours à ce stade fort mal connu.

Notre syndicat défendait également la prise en charge par le groupe d’une compensation des pertes de salaire dues au chômage partiel. La Direction s’y est opposée. La solidarité n’aura donc lieu qu’entres les salariés.

C’est dorénavant dans le cadre d’un déconfinement progressif (voir l’article de CHALLENGES) que notre groupe doit faire face à une perte d’activité importante.

Dans ce contexte, une lettre de Cedric Goubet, Président de Safran Nacelles, a été adressée à l’ensemble des salariés de la société. L’expression du Président décrit la situation dans laquelle nous nous trouvons. En voici un extrait qu’il nous semble important d’analyser :

Nous ne nous situons plus désormais dans une rupture transitoire d’ordre conjoncturel. Il s’agit d’une rupture structurelle de notre trajectoire qui appelle donc des mesures structurelles pour adapter durablement et rapide- ment nos capacités.

Si, comme l’explique Mr Goubet, la crise implique un changement radical du fonctionnement de notre entreprise et de notre société, pour la CGT, la réponse qui consiste à ajuster notre capacité n’est pas si évidente. D’autres solutions existent :

  • Une réduction du temps de travail répartirait au mieux le travail pour tous en conservant l’emploi chez Safran Nacelles ;
  • Fixer des objectifs de profitabilité plus raisonnables, en accord avec les exigences de qualité de la filière aéronautique. La productivité ne doit pas être érigé en dogme !
  • Tirer les leçons de la crise et sortir de cette bulle spéculative qui met en péril l’avenir de notre entreprise a chaque évènement. Les richesses produites par notre société doivent servir l’investissement dans l’humain et l’outil de travail. La distribution de ces richesses par les dividendes notamment et les mouvements volatiles d’achats/ventes d’actions doivent être drastiquement limités.

Afin de « reprendre, plus forts encore, notre élan […] » (lettre de Cédric Goubet aux salariés de Safran Nacelles), Le groupe choisi de demander à ses salariés des efforts d’adaptation sur tous les sites. En attendant, Safran annonce des licenciements massifs dans le monde. En France, c’est plusieurs milliers d’intérimaires, prestataires, CDD qui ne reviendront pas sur les sites.

Il demande également aux syndicats de travailler à des mesures de réorganisation du travail et du temps d’activité. C’est l’objet des négociations sur l’« accord de transformation d’activité » amorcées par la Direction du groupe Safran. C’est cela le monde d’après qu’ils nous préparent… !

Raymond Soubie, Ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy à l’Elysée affirme dans un article des échos, que ce type d’accord sera nécessaire.

D’autres voient une forme différente d’adaptation à cette rupture structurelle. Une lettre envoyée très largement aux salariés du secteur aéronautique, rédigée par un collectif d’universitaires et de scientifiques décrit tout cet ensemble d’idées, de propositions, de réflexions. Ils invitent chacun d’entre nous à travailler à l’émergence de nouvelles idées.

Entre-autres :

  • Utiliser une partie du temps de travail pour repenser collectivement l’avenir des activités et des entreprises aéronautiques au regard des enjeux climatiques.
  • Transférer la force d’ingénierie et de construction du secteur pour répondre à des besoins redéfinis de durabilité, de résilience, de relocalisation, de solidarité.
  • Répondre aux besoins essentiels de notre population, loin des injonctions des marchés et des impératifs liés à la croissance économique et à la compétition internationale
  • Un monde de l’aéronautique tendant vers un service public dont l’activité serait tournée vers l’intérêt et le bien commun.
  • Rendre cette activité durable et bénéfique, plutôt que soumise aux diktats du chiffre d’affaires
  • Mobiliser les salariés de la recherche et de l’aéronautique pour le monde d’après
  • Mise en place d’un revenu inconditionnel

Il nous appartient de choisir le retour à un « business-as-usual* » ou une évolution de notre société, de notre secteur d’activité. Plutôt que de s’assurer d’un retour rapide de la croissance, du rendement,de la productivité, la CGT préfère profiter de la mise à plat de ces “valeurs sûres” pour certains afin de redéfinir un mode de fonctionnement plus mesuré, prenant en compte, plus de respect de l’être humain et plus de respect de notre planète.

* comme d’habitude

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Publié le :
3 juin 2020
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