Safran publie ses résultats du premier trimestre 2024
Alors que les augmentations salariales ne compensent même pas la perte de niveau de vie des salariés due à l’inflation, la direction du groupe fanfaronne, elle, sur une progression du Chiffre d’Affaires de près de 20 % !
Puisque que ces résultats ne servent pas les salariés, on peut s’interroger : mais où va tout cet argent ?
Rachat d’actions, coûte que coûte
Dans son communiqué de presse, le groupe annonce qu’il continue son plan de rachat d’actions pour le processus d’Intéressement Long Terme (les fameux ILT – ex stock options) à destination des cadres dirigeants de Safran.
Cette année, une autre tranche de rachat d’actions est prévue pour couvrir la « dilution potentielle liée aux Obligations Convertibles En Action Nouvelles ou Existantes » (OCEANE). En effet, vu le cours actuel de l’action Safran, on imagine mal les détenteurs d’obligations ne pas les échanger en actions. L‘occasion de doubler sa mise est trop belle et on peut le comprendre. En revanche, le groupe peut faire le choix d’attribuer des actions nouvelles ou des actions existantes, il a fait son choix.
On vous explique :
Si la direction échange ces obligations en créant autant d’actions « nouvelles » :
le nombre d’actions sur le marché augmente. Suivant le principe de « l’offre et la demande », si le nombre d’actions mises sur le marché augmente, leur valeur risque d’être légèrement diminuée.
Si la direction échange ces obligations par des actions déjà « existantes » :
il faut qu’elle les possède. En les rachetant parmi les actions disponibles sur le marché, le nombre d’actions disponible n’évolue pas et le cours reste stable.
C’est pour cela que Safran a choisi cette deuxième option, prendre bien soin de ses actionnaires.
Coûte que coûte on vous dit !
Le programme de rachat d’action est encadré par une validation des actionnaires lors de l’assemblée générale et pendant laquelle une résolution porte sur le prix maximum auquel Safran peut acheter les actions. Pour ces opérations, ce plafond est fixé à 175 euros par action.
Sauf que l’action, vous l’avez sans doute remarqué, a dépassé les 200 euros. Plutôt que de s’arrêter là ou de changer d’option, Olivier Andriès propose aux actionnaires (les principaux bénéficiaires de l’opération) de porter le plafond à 300 euros par action !
Un nouvelle résolution sera donc portée lors de l’assemblée générale du 23 mai prochain.
On en remet une couche ?
Safran va également acheter pour 1 Milliard d’euros d’actions supplémentaires entre 2024 et 2025.
Pour en faire quoi ? Pour les détruire. Et oui, si vous avez compris le principe expliqué précédemment, le principe de « l’offre et la demande » vous est familier. Ce qui est valable dans un sens, l’est également dans l’autre.
Si le nombre d’actions sur le marché diminue (en les détruisant par exemple), le cours des actions restantes augmente. Encore une magnifique opération pour nos actionnaires !
Vous savez désormais pourquoi la direction se sentait obligée de limiter le « coût du travail » en appliquant les augmentations salariales les plus basses possibles. Il faut bien financer ces opérations…