Le 15 avril 2024, vos délégués syndicaux locaux ont envoyé un courrier à la direction locale avec copie en central pour lui demander l’ouverture de négociations sur les trois thèmes suivants :

• L’accord portant sur des primes liées à des contraintes particulières en production,
• L’accord sur les modalités de travail en équipes,
• La création d’un accord instaurant des primes de tuteur et de formateur.

En effet, lors d’une précédente réunion de DSL (délégués syndicaux locaux), la direction nous avait fait part de sa volonté de

S’assurer que les compensations financières perçues par les salariés soient régulièrement réévaluées et/ou revalorisées.

Or, concernant les primes encadrées dans les deux premiers accords précités, certaines d’entre elles n’ont pas été revalorisées depuis plus de 20 ans, et ce malgré de multiples demandes de notre syndicat, cherchez l’erreur…

Au-delà de cette question pécuniaire, il y a également nécessité de se mettre en conformité avec ce qui se pratique réellement en termes de contraintes particulières en production au sein de l’établissement du Havre. Certaines primes listées dans l’accord n’ont plus lieu d’être étant donné l’arrêt des productions les ayant engendrées et au contraire, certaines autres mériteraient une redéfinition.

Il serait aussi opportun d’aligner les compensations financières des contraintes et conséquences en termes de santé de la pratique du travail posté. En effet, depuis 20 ans, un nombre croissant d’études ont documenté l’impact négatif du travail par quarts sur la santé des travailleurs, tout particulièrement le travail de nuit.

À l’origine de ces effets se trouvent les interférences entre le cycle lumière/obscurité et le rythme veille-sommeil. Parmi les effets identifiés, on y retrouve les troubles du sommeil, gastro-intestinaux, neuropsychiques et cardiovasculaires ainsi qu’une interférence négative à la grossesse et sur la vie sociale.

En ce qui concerne le volet social, les problèmes peuvent prendre la forme d’interactions inadéquates entre les temps alloués aux proches (incluant les amitiés) et le temps au travail : c’est la « conciliation travail-famille » ou « équilibre travail-vie personnelle ».

Le système de travail par quarts est aussi associé à une augmentation des accidents au travail. Folkard et Tucker (2003) ont démontré que tant le quart de soir comme le quart de nuit sont à l’origine d’un grand nombre d’incidents et d’accidents. Les auteurs montrent que la probabilité de risque augmente de manière linéaire sur les trois quarts de travail. Par exemple, il y a une augmentation du risque de 18,3 % associée au quart de soir et de 30,4 % associée au quart de nuit, par rapport à celui de jour. Il faut souligner aussi que la gravité des accidents est souvent beaucoup plus élevée pendant le quart de nuit. Plusieurs des accidents les plus importants survenus dans le monde se sont produits précisément durant le quart de nuit : Bhopal, Three Mile Islande, Chernobyl et l’ExxonValdez, entre autres.

Le travail par quarts a donc des effets nuisibles sur la santé des travailleurs. En plus, les horaires atypiques représentent une augmentation des risques d’accidents et de blessures au travail. Les quarts de soir et de nuit sont particulièrement touchés par cette problématique.

Une revue critique de la littérature a été menée sur le lien entre travail posté et survenue de maladies cérébro- et cardiovasculaires. Dans plusieurs études de bonne qualité, le travail posté est associé à une augmentation modeste mais significative du risque de maladies cardiaques ischémiques fatales et non fatales.

En conclusion, les primes perçues par les salariés le sont afin de compenser financièrement les contraintes et les risques qu’ils subissent de par leur travail et son organisation.

Ces contraintes et ces risques engendrent une diminution de l’espérance de vie ainsi que de l’espérance de vie en bonne santé.

Il faut vraiment qu’elles soient à la hauteur du préjudice subit ! D’où la nécessité de renégocier et réévaluer ces primes, CQFD…

Enfin, concernant la demande de création d’un accord instaurant des primes de tuteur et de formateur :

Parfois nécessaire lors de l’accueil d’un nouveau salarié dans l’entreprise, le tuteur a notamment pour mission de l’accompagner et de le guider dans la transmission des savoir-faire de l’entreprise. En outre, la fonction de tuteur est expressément prévue pour certains publics, comme les jeunes en contrat d’apprentissage. En liaison avec le CFA (centre de formation des apprentis), ce tuteur, appelé maître d’apprentissage, contribue à l’acquisition par l’apprenti dans l’entreprise, des compétences correspondant à la qualification recherchée et au titre ou diplôme préparé.

De même, lorsque l’entreprise accueille un salarié en contrat de professionnalisation, elle doit désigner un tuteur qui sera chargé de l’accompagner.

Nous pensons à la CGT que le fait pour un salarié de s’engager ainsi au bénéfice de l’entreprise dans la transmission des savoirs, savoir-faire et savoir-être liés à son métier, mérite rétribution. C’est pourquoi nous avons demandé à la direction d’ouvrir des négociations sur ce sujet.

En conclusion, vous aurez remarqué, si vous avez bien lu, que nos demandes ont été envoyées à la direction le 15 avril 2024, soit il y a déjà 7 semaines… À ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse ! On peut nous vanter à tort et à travers le dialogue social, or pour dialoguer, jusqu’à preuve du contraire, il faut être 2 ! À bon entendeur…

Comme disait JF Kennedy :

Ne négocions jamais avec nos peurs, mais n’ayons jamais peur de négocier.

Tableau récapitulatif des primes locales et centrales SNA