Hommage à Michel Bellenger le 28 mai 2024 Nécropole de Gonfreville l’Orcher

Michel,

 

Nous voici réunis autour de toi pour te dire au revoir et t’exprimer notre peine et notre chagrin.

Mais aussi pour évoquer ta mémoire, un comble quand on sait que toi, tu avais une mémoire d’éléphant.

Mais aussi pour essayer de rappeler qui tu étais, comment tu étais et par conséquent, qui tu restes pour nous.

 

Celles et ceux qui t’accompagnent aujourd’hui te connaissent. Chacun à un moment où à un autre a croisé ton chemin, ou, a fait un bout de chemin avec toi, chacun a le sentiment de perdre un membre de sa famille.

 

Et notre famille CGT, puis l’UFR métaux, le syndicat CGT Safran Nacelles, la section syndicale CGT des retraités de l’usine, le CSE, les pompiers et SST de l’usine, les membres du CHS, CHSCT et de la CSSCT, de l’ULCGT Harfleur-Tancarville, de l’USTM, de l’IHSCGT 76, de l’AGCP, de la FNAC mais aussi du conseil des sages, des municipalités successives, dont Jacques Eberhard, Marcel Le Mignot, Jean-Paul Lecoq et Alban Bruneau.

Tous et toutes peuvent affirmer que tu étais un homme de cœur, honnête, courageux, engagé avec le sens de l’intérêt général, du collectif, avec un regard, certes malicieux, mais bienveillant, protecteur avec ta famille, respectueux de la municipalité et de ses élus.

L’amitié, la fraternité, l’humanisme, étaient des moteurs importants.

 

Michel, sans la guerre, tu ne serais peut-être jamais venu vivre à Gonfreville, car tes parents résidaient dans le quartier de l’Eure au Havre quand les allemands ont décidé de l’occuper.

Tes parents, comme de nombreux habitants ont dû fuir et c’est ainsi qu’ils se sont retrouvés, à Montépilloy dans l’oise près de Senlis, petit village.

C’est là que tu es né  17 avril 1942 , comme ta sœur et ton frère. Vous logiez dans une maison vacante, dans le cadre du regroupement des réfugiés, et vous y êtes restés jusqu’en 1946.

 

Le Havre est bombardé, tout ou presque est rasé, vous êtes accueillis chez les grands parents au pont 7 dans un baraquement Schneider, sans eau, sans électricité.

En mai 1948, vous vous êtes retrouvés Cité Arthur Fleury dans un baraquement.

 

Tu as alors 6 ans, et tu n’es encore jamais allé à l’école.

Quand pour la première fois, tu rentres en primaire en octobre 1948 à l’école Arthur Fleury, tu ne sais ni lire ni écrire.

En juin 1956, tu as 14 ans et tu passes le concours d’entrée à l’Arsenal du Havre, reçu dans les 20 premiers sur 200 élèves. Les profs : Favery, Renoult, Jules Démeilliez, Vangeon, Persac, Fromager.

 

Tu a fais 3 ans d’apprentissage à raison  de 42 h/semaine.

Moitié/moitié en théorie et pratique sur machine et 7 semaines de congés/an !

C’était le régime militaire que beaucoup ont connu. 1ère année d’ajustage, stages tour/fraiseuse et c’est ainsi que tu es devenu tourneur. Nous sommes, alors, en juin 1959.

 

Le 13 août 1959, tu intègres l’usine en qualité de tourneur Vè catégorie, au B2 avec pour chef Georges Douteleau, tu as 17 ans et demi !

Quelques mois plus tard, début janvier 1960, H. Mehl te propose la carte syndicale CGT.

Tu l’as toujours conservée, soit plus de 64 ans, c’est juste mon âge ! C’est le symbole d’une grande fidélité.

 

Dès septembre 1960, tu deviens collecteur, avril 1961, membre de la Commission Exécutive.

Le 1er janvier 1962, tu es parti faire ton service militaire à Épinal et fais une formation de téléscripteur, puis direction l’Algérie pendant 6 mois, et retour en France, tu es libéré le 27 juin 1963.

L’usine s’appelle SNECMA-Normandie depuis le 1er décembre 1963.

 

De retour à l’usine et dès août 1963, tu es collecteur et diffuseur de la VO (l’organe de la CGT).

C’est une époque où la section syndicale n’est pas reconnue et encore moins dans le  cadre militaire. Je me souviens que tu m’avais raconté qu’un jour alors que tu diffusais la VO sous le manteau (ou le bleu) les journaux sont tombés aux pieds du chef d’atelier. Alors que tu aurai pu être viré, je crois que c’est Henri ou Raymond Lecacheur qui t’a sauvé la mise ! Le chef de l’époque ? Boulier ? Ce n’était pas un drôle ! !

 

Cette période de tes 20 ans, c’est aussi l’époque des copains, des sorties et des séances de cinéma Boulevard de Strasbourg, avec ta sœur et une certaine Mireille avec qui tu remontes de l’usine depuis son école ménagère dès 1957, au quotidien.

Le temps de l’insouciance, de la belle jeunesse. Ainsi cette bande de 4 filles et 4 garçons va se transformer en 4 couples, et vous resterez toujours en contact.

Le 15 mai 1965, vous vous êtes mariés vous avez emménagé aux « casernes » en face de la mairie annexe de Mayville, côté Harfleur, rue de Neuvy au n°13.

De votre union sont nés : Jean-Luc le 27 juillet 1966 et Stéphane le 16 septembre 1969.

 

Le 17 juillet 1970 vous emménagez rue Elsa Triolet grâce à Yvonne Gareli adjointe au Maire où vous demeurez toujours, cela fera bientôt 54 ans.

Nous connaissons bien Michel « côté cour », mais peu « côté jardin » et notamment  à Gournay aux Cambrettes.

Et pourtant, dès petit tu jardinais avec ton père et dès 1976 et jusqu’en 2019 ton jardin est un lieu de paix et de partage en famille, avec tout le monde, objet de Grillades et de pique nique.

Ce qui m’a fait dire le jour de ton départ en retraite que tu étais mon pote âgé ! ! !

 

Dans ton jardin, il y avait aussi une grande place pour la pêche à la rocaille à Octeville et au « bout du monde » avec Jean-Luc. Une belle complicité qui se terminait souvent avec un casse-croûte et une bière. La vie en somme ! !

 

Le côté cour, c’est tout ce que j’ai énuméré tout à l’heure et notamment l’engagement au sein de la CGT de l’usine. Avant tout, tu affirmais ton identité de Gonfrevillais, et fier de l’être.

Tu ne perdais jamais une occasion pour le rappeler, et ce n’est pas un hasard si tu siégeais au conseil des sages de la ville.

 

Durant toute la carrière, tu as été un militant syndicaliste, avec un fort charisme.

Tu étais un élu respecté, et particulièrement au sein du CHS dès 1974, avec Monsieur Lebigre, R. Thérey, Y. Rose, J.Esoudéro, j’en oublie sûrement… mais pas Potoine, ni les 3 infirmières : Christine, Viviane et Florence que je salue.

 

Puis en juin 1985, suite aux lois Auroux de décembre 1982, tu es devenu le1er secrétaire du CHSCT jusqu’en 1995.

 

Ton engagement était fort et comme beaucoup, tu en as fait les frais, car discriminé pour fait syndical.

 

Tu adorais les textes de loi, et exercer un contre pouvoir non sans le soutien des contrôleurs de la CRAM qui faisaient trembler les directeurs, comme Dumez, Gambet, Chabanas, Martini, Sarrail, Thurat, Gandrillon, Chirol et Huray !

Mention spéciale à ce dernier qui compris très vite qu’il pouvait utiliser tes compétences pour les mises en conformité des machines ! (627)

 

Michel, grâce à ta mémoire hors norme, tu t’es forgé une réputation. Tu es devenu un référent sur l’histoire sociale de l’usine et contribué à l’élaboration du livre « Des hommes, une entreprise » d’Antoine Fizlewich, tomes 1 et 2. Tu as été de tous les combats syndicaux. Et ils furent si nombreux avec F. Auvray.

Dans le même temps, tu as rejoins l’équipe des pompiers volontaires de l’usine et les secouristes du travail, avec D. Barabé , J-J. Dorange…

 

Il n’y avait sûrement pas de hasard !

 

Michel, tu as pris ta pré-retraite le 30 septembre 1999. Mais aussitôt tu as basculé à la section retraités alors animée par J-J.Losser.

A son décès, tu en as pris les rênes en qualité de secrétaire, jusqu’à 2019, mais toujours  membre du bureau, et très actif avec Claude et Laurent.

Durant ces derniers mois tu as travaillé à l’exposition sur l’histoire du CSE pour ses 60 ans.

Stella Schlappi, secrétaire, t’a rendu un vibrant hommage samedi dernier et tu as été applaudi pendant une longue minute.

 

En 2005 à la suite du 60è anniversaire de la libération de la ville, encouragé par Jean-Paul Lecoq, maire, pour préserver la mémoire de la création des camps cigarettes, puis des habitations provisoires dédiées aux sinistrés Havrais, tu as pu t’investir avec 4 membres fondateurs dans la création de l’AGCP, comptant jusqu’à 220 membres. Tu en as toujours été le secrétaire du bureau. A cet égard, Françoise Lefort dans le bulletin municipal de janvier, a réalisé ton portait de manière magistrale. Merci à elle.

 

Michel, alors que tout semblait s’annoncer à merveille pour ce 60è anniversaire, jeudi 16 mai tu as été victime d’un AVC. Malgré l’intervention rapide des secours, les dégâts occasionnés ont été irréversibles et tu t’es éteins samedi soir 18 mai à l’hôpital Monod.

La nouvelle s’est répendue très vite, et la consternation a été générale parmi la famille, « le clan Bellenger » et parmi les militants, les élus municipaux, les membres de l’AGCP…., la population.

 

Michel, avec Mireille et les garçons, tu as vécu une vie heureuse et vous tous étiez unis. Tu nous lègues en héritage, la droiture, la politesse, les combats contre l’injustice, et nous rejoignons Patrick Teterel, militant à l’usine qui disait de toi : « Michel était un proche d’Henri Mehl, il était toujours disponible auprès des salariés ou autres, son dialogue était juste et apaisant, voir réconfortant dans certaines circonstances. Son engagement était total. »

 

Michel tu es parti rejoindre au firmament, tes parents, ton frère Daniel, ta sœur Christiane, William ton beau-frère…

 

Mais aussi de nombreux camarades regrettés, et il serait fastidieux et sûrement long de les citer, mais si j’évoque, Raymond Lecacheur, Jean-Pierre Szafran, Roger Therey, Claude Grégoire, il n’y a sûrement pas de hasard.

 

Michel, au nom de tous les tiens, de tous les militants de la CGT, des élus du conseil municipal, de l’AGCP, et de tous ceux que j’ai cité, nous te redisons notre amitié.

Ainsi qu’ à toi Mireille fidèle compagne depuis toujours, à vous Jean-luc et Stéphane, à toute la famille.

 

Michel, il est temps de nous séparer. Tu es entré au Panthéon des militants ouvriers Gonfrevillais.

 

Pour tout ce que tu as rendu possible nous te disons, merci !

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Publié le :
13 juin 2024