L’histoire de l’usine Messier de Bidos


 

Avant de démarrer le voyage à travers l’histoire de l’usine Messier de Bidos, un petit clin d’œil. Le 18 avril 1935, c’est la première fois que l’aigle se posant sur la lettre M du nom MESSIER apparait dans le magazine “Les ailes”.

 

Nous vous proposons de retracer l’histoire de l’usine Messier de Bidos en suivant une chronologie depuis 1937 à nos jours. Vous pourrais découvrir des  images d’époque et des articles complémentaires en cliquant sur les liens.

En 1937, l’aventure de l’histoire de l’usine Messier de Bidos commence avec l’invention du verrouillage mécanique à griffes dans le vérin contrefiche ou dans la barre télescopique à la place du clapet hydraulique automatique et les compas de guidage, qui remplacent les cannelures sur la tige coulissante ou les amortisseurs “bitube”. La première application de ces innovations est réalisé sur l’atterrisseur principal de l’avion Bloch 150 qui a fait son premier vol à Villacoublay en Octobre 1937, et sur sa version améliorée le Bloch 151 qui a volé pour la première fois le 18/08/1938. On fabrique également des pièces pour le Morane-Saulnier MS.406le premier avion de chasse moderne de l’armée française.

En juin 1938 pour augmenter la production d’atterrisseur la décision est prise de décentralisé, le choix se porte sur le petit village de Bidos, au pied des Pyrénées. La construction d’un site de 6400m² a nécessité un investissement de 3 millions de franc. Il offre deux atouts non négligeables. D’une part, sa proximité avec le chemin de fer qui est indispensable à l’approvisionnement du site en machines et en matières premières. Les Machines pouvaient ainsi arriver à cadence régulière, les tours parallèles, des fraiseuses, des tours à décolleter et quelques rectifieuses. Et d’autre part, son éloignement des frontières allemandes. Après quelques mois de travaux, l’usine démarre son activité en octobre 1938 avec une dizaine de tourneur, deux fraiseurs et deux rectifieur. L’année d’après, elle emploiera 200 salariés et produira des pièces détachées qui sont ensuite assemblées à Montrouge. A cette époque, Messier produit entre 25  à 30 trains par mois, et équipe 85 % de l’aviation française.

En 1939, Bidos a un rôle majeur dans la fabrication des trains d’atterrissage et des amortisseurs. Pour des raisons stratégiques et familiales, la société s’est maintenant retiré dans le canton d’Oloron sainte Marie, les ateliers mécaniques à Bidos, Izeste et Arudy. “Un bâtiment de 1200m² est démonté et remonté pour les traitements électrolytiques. Ce fut une époque ou l’on travaillait 12h par jour, même le dimanche. L’approvisionnement et l’expédition se faisait en majeur partie par voix ferrée avec le passage de  près de 5 trains par jour.  Le personnel était de 520 personnes avec beaucoup de jeunes dont 60 femmes sur machines qui faisait des équipes de jour et de nuit.” Nous témoigne M. Bigue dans ses mémoires. ” A l’époque on a doublé le premier bâtiment. A l’intérieur, il n’y avait pas de chauffage, il y avait de gros poêle à charbon.” Nous confie un autre opérateur.

Pour des raisons de sécurité et de secret, la fonderie Messier a été construite à  l’extérieure du village d’Arudy. L’usine n’est visible d’aucune route départementale. Un petit chemin étroit et sinueux permet d’y accéder et les abords immédiat servent de pâturage. Les bâtiment principaux sont adossés à la montagne qui les entoure sur trois côté.

En novembre 1939 à Saint-Cyr-en-Bourg près de Saumur, avec la course aux armements, une usine de montage souterraine est installé.

L’histoire de l’usine Messier de Bidos se poursuit en mai 1940, Messier France livre le 520ème train d’atterrissage. A la signature de l’armistice, Les allemands prévoient que les avions et le matériel leur soit livré et l’arrêt de toute construction aéronautique. L’industrie aéronautique française est démantelée par l’occupant et elle perd ses machines-outils modernes, ses stocks de matière premières, tandis qu’une partie de son personnel est déportée pour fait de résistance, ou requise par le Service de Travail Obligatoire (STO) en Allemagne. Il ne restait que 30 personnes avant que les allemands ne laisse qu’un vieux tour et une petite machine à affûter.

Le 18 avril 1941 Premier vol du premier chasseur à réaction, le Messerschmitt Me-262 piloté par Fritz Wendel. Le 1er vol de l’avion équipé de ses deux réacteurs BMW a lieu le 30/03/1942, et de ses 2 réacteurs Jumo 004 le 1/10/1942. Les 4 premiers prototypes ont un train classique avec une roulette de queue, le train principal équipé de pneus 770×270 et la roulette de queue sont à relevage hydraulique. Cependant pour améliorer les performances au décollage de cet avion à réaction, un train tricycle avec atterrisseur auxiliaire avant est adopté dès le cinquième prototype. Pour éviter les problèmes de shimmy rencontrés aux essais, des compas et un amortisseur de shimmy ont été ajoutés à la conception initiale.

En juillet 1941, l’usine est utilisé comme un garage de réparation pour véhicule allemand. La présence de quai derrière l’usine était très pratique pour envoyé les camions sur les fronts Allemands même sur le front Russe.

En septembre 1945 l’usine de Bidos réouvre et redémarrage de l’activité de la fonderie d’Arudy. Il faut dix ans à Messier pour reconstituer ses équipes, remettre en route ses usines, recréer ses techniques de fabrication pour les adapter aux nouveaux besoins, et enfin retrouver son équilibre. Lorsque les français rentre après la guerre, ce sont Les réfugiés espagnols, principalement de Gurs, (des technicien spécialisé en Espagne) qui les ont formés. Les machines reviennent sur des Wagons avec quelques machines allemandes, après déchargement et révision de chaque machine, elles sont réimplanté sur site. M. Levy et le colonel Hugon sont intervenus pour le rapatriement de ces machines et avec le plan Marshall des fraiseuses en majorité arrive sur site.

En 1947 et 1948, la CGT subit des divergences et  c’est le départ de plusieurs nouveaux syndicats, Monsieur Lucien Levy sollicite les organisations syndicales pour avoir une représentation syndicale a l’échelon le plus élevé. Ne suivant pas le patronat français qui n’avait pas évolué comme il a évolué depuis. Ce directeur était devenus amis avec plusieurs responsables syndicaux. Le comité d’hygiène est créé, c’est alors un organe consultatif à vocation technique.  Chez Messier la mensualisation, la reconnaissance du droit syndical, la réduction du temps de travail, l’allongement des vacances, la participation remplacée par le 13ème mois ont précédé les décision prise sur le plan national.

Au début des années 1950, l’usine de Bidos devient maître d’œuvre pour la fabrication des trains d’atterrissage. Les premiers assemblage avec un trentaine de monteur ont lieu avec les atterrisseurs 315 Flamand.  Les premières productions en série sont lancées : le train d’atterrissage du Fouga Magister en 1954. Environ 1800 équipements (900 avions) ont été produit, c’est grâce à cette activité qu’a été rouvert l’atelier d’Izeste en 1957.

En 1959, l’histoire de l’usine Messier de Bidos nous emmène au démarrage du plus gros programme connu par l’usine de Bidos avec la fabrication  de plus de 6700 équipements pour les Mirage IIIC et IIIR ce qui représente plus de 3000 avions. Puis en 1964 de la mise en route du programme Concorde  avec son train de 4m de haut et , en acier à très haute résistance. Cela nécessite le développement des moyens d’usinage, des installations de traitement thermique et de traitement de surfaces évolués. L’usine de Bidos compte un effectif de 580 personnes, sa devise de l’époque “Le spécialiste européen du train d’atterrissage”.

Implantation de la première machine à commande numérique sur Bidos en 1967, la superficie de l’usine atteint 11000m². Construction d’un nouveau bâtiment “atelier 5”, avec notamment un magasin, service contrôle, la comptabilité et les service médicaux et sociaux. Un an plus tard, La société devient Messier Dowty. En mai 1968 Il y a de grandes grèves dans tout le pays et notamment chez Messier avec occupation d’usine pendant plusieurs semaines, gain du “boni fixe”. Les opérateurs ne sont plus chronométrer derrière les machines. Des accords sont alors négociés entre La CGT et le patronat, sur les grilles de  salaires des salariés et les avantages sociaux. Au cours du mois d’avril 1969, déplacement du traitement de surface, les effectifs sont de 690 à Bidos, 120 à Izeste et 280 à Arudy.

En 1970 construction d’un nouveau bâtiment avec “L’atelier 6” où l’on trouve de grosse machine d’usinage et le service administratif. Puis, en mars construction d’un local à usage de vestiaire commun, réfectoire, salle de réunion de 787m² et le poste de garde 12m².

Fusion des activité “atterrisseur” de Messier et d’Hispano-Suiza en 1971. Création du logo avec l’aigle Messier et la cigogne d’Hispano (La cigogne adoptée par Hispano-Suiza est celle de la SPAD 3, escadrille de Georges Guynemer qui formait le groupe de chasse des Cigognes.)

En mars 1972 construction d’une annexe au traitement anodique. Hangar de stockage de pièce brutes.

l’Airbus A300-310 entre dans la production en 1974.

L’année 1975, sonne la fin du “Boni fixe” et apparition de la grille de salaire. On voit apparaitre les classifications d’ouvriers, contrôleur, administrateur… Le CE perçoit 5 % de la masse salariale contre 1,5 % auparavant.

Fusion de Messier-Hispano avec la société Bugatti le 12 juillet 1977. Le nouveau logo intègre l’aigle Messier, la cigogne Hispano et l’ovale Bugatti. Il y a maintenant 720 personnes sur le site de Bidos et 110 sur Izeste.

En 1979 Allongement de l’atelier de montage ainsi que l’accès camion pour l’expédition des caisse d’emballage. Agrandissement de “l’atelier 6” et traitement thermique.

Lors de l’année 1980 La superficie du site de Bidos est de 30 000 m² lors du développement du programme Airbus. L’effectif passe à 793. Création du restaurant d’entreprise au troisième étage du bâtiment administratif et mise en place de l’horaire variable. Bidos est dans un premier temps le seul site à l’utilisé.

En 1982, le comité d’hygiène fait peau neuve est devient : Le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). C’est alors une institution à part entière, représentative du personnel. Elle est maintenant dotée de pouvoirs délibératifs pour les questions de santé, sécurité et qualité de vie au travail. Notre effectif est de 841.

Le lancement du programme A320 a lieu Le 02 mars 1984.

En 1986, avec 735 salariés sur Bidos l’effectif a bien baissé un décalage dans le fonctionnement s’est installé sur notre site. Un changement de direction et une volonté de changer le rythme de travail fût à l’origine de ce mouvement. Comme précédemment décrit la semaine se faisait du mardi au samedi avec le lundi chômé. Le directeur M. Creps voulu mettre l’établissement de Bidos en phase avec le siège et également les client et fournisseurs. De plus, la prime de panier qui était à l’époque de 1frs 20 continuait d’apparaitre sur la fiche de paie en plus de la participation du CE. La direction a supprimer cette prime. Le moindre retard était sujet à convocation suivi de mesures disciplinaires. Pour finir un audit extérieur est mis en place pour faire un état des lieux du malaise et des conflits.

Messier-fonderie-Arudy en dépôt de bilan depuis 10 mois, elle devient en mars 1989 Messier-Fonderie.

 

En Avril 1990 Messier-Hispano-Bugatti change de raison sociale et de logo en Messier-Bugatti. L’effectif est de 870, un record pour notre usine.

L’année 1993 n’est pas facile, il faut éviter 114 licenciements dont 44 à Bidos. Les salariés de Messier-Bugatti, par la voix des organisations syndicales, ont acceptés de réduire à 36 heures leur temps de travail hebdomadaire. Seule la CGT a refusé de voter cette convention, mais à déclarée d’accord sur le principe. Cette crise de l’aéronautique donne lieu à un regroupement des deux sites d’Izeste et de Bidos. Au travers de la fermeture d’Izeste, le CE de Bidos à bénéficié de l’appartement de Ciboure et l’appartement à Vieux Boucau. La CGT a gérer l’acquisition de ces biens en accord avec le personnel. Il faut savoir qu’il n’y avait sur Izeste que des élus CGT.

 

En mars 1994 création de Messier SA filiale à 100 % de SNEGMA. La direction de l’usine de Bidos décide de ne plus recourir au travail en 3X8 et c’est le début de l’horaire 4X9.

 

 

En janvier 1995, fusion de Messier-Eram et de Dowty Landing Gear Aerospace et devient Messier-Dowty. Remise officielle de Messier-Dowty de l’atterrisseur A-340 au directeur du “British Science Museum”. Cet atterrisseur devient ainsi la pièce maitresse des matériels exposés dans ce musée.

 

En 2000, les logos des sociétés du groupe Snecma s’uniformisent pour reprendre celui de la Snecma. Ainsi disparaît le mythique “Aigle” Messier qui a orné pendant environ 70 ans les trains d’atterrissage et les roues et freins. Il restera encore longtemps sur les matériels de l’année 2000 et avant.

En 2005, construction du nouveau bâtiment d’assemblage de train (NUA). La construction n’a pas été simple, compte tenu de l’environnement montagneux. Il a fallu qu’on arase la falaise. Bidos est amené à assurer l’assemblage des trains de nouveaux avions comme le biréacteur de ligne Sukhoï Superjet 100. Et pour La france, l’appareil de transport militaire européen A400M. Ce dernier possède un système d’atterrissage qui est adapté aux terrains incertains sur lesquels il peut être amené à se poser. Messier-Dowty a été choisi pour fabriquer les trains des moyens porteurs long-courriers Boeing 787 et Airbus A350. Si l’on excepte l’A380, dont l’entreprise ne fabrique pas le train central, ces avions seront les premiers appareils de série, dont les tiges seront en titane et non en acier. Le choix de ce matériau, destiné à gagner du poids.

En 2008

En mai 2011, Safran annonce la fusion de ses filiales Messier-Bugatti, Messier-Dowty et Messier-Services en créant Messier-Bugatti-Dowty, leader mondial de l’atterrissage et du freinage aéronautiques.

Installation du système anti-foudre sur le site en 2013. Cette année là, le premier robot HVOF (High Velocity Oxy Fuel) arrive à l’unité titane. Toutes les machines d’usinage et la cabine d’ajustage intègre également ce bâtiment.

L’histoire de l’usine Messier de Bidos en mai 2016 vie une dernière évolution et Messier-Bugatti-Dowty change de nom et s’appelle dorénavant SAFRAN LANDING SYSTEMS. Début de la construction de la plateforme logistique de Gurmençon, a sa livraison en 2017 totalise une superficie de 20000 m².

Au vue des commandes importante sur le programme A320 Bidos voit apparaître en 2018 deux ligne cadencées au bâtiment NUA.

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